Le commencement

Le commencement 

 Le contraste entre les rouges vermillon et les bleus outremer crée une tension chromatique qui dynamise l'ensemble. Les motifs géométriques de l'encadrement - losanges et triangles bleus sur fond d'or - évoquent les mosaïques byzantines tout en s'inspirant de l'art décoratif islamique. Le palmier central transcende sa simple fonction végétale pour devenir l'Arbre de Vie par excellence. Ses palmes généreuses dessinent une voûte protectrice au-dessus du couple primordial, tandis que ses racines puissantes ancrent la scène dans la terre nourricière. Les feuillages rouges qui jaillissent de part et d'autre évoquent la sève vitale, l'énergie créatrice qui irrigue l'univers naissant. Cette végétation flamboyante transforme l'éden en brasier de vie, loin de la conception paisible traditionnelle.

Les deux figures humaines, dans leur nudité sculpturale, évoquent moins la vulnérabilité de la chute que la magnificence de la création première. Leur traitement plastique, entre archaïsme assumé et modernité décorative, les situe hors du temps historique pour en faire des archétypes universels. La femme et l'homme se font face sans se regarder, chacun tourné vers son propre mystère. Cette absence de contact visuel suggère moins la séparation que la complémentarité : ils forment un tout en préservant leur individualité.

La cohabitation harmonieuse entre l'humain et l'animal évoque un état de conscience où la domination laisse place à la communion, où l'homme retrouve sa place naturelle dans l'écosystème cosmique. L'absence du serpent tentateur et du fruit défendu transforme cette genèse en célébration pure de l'être-au-monde, débarrassée du poids de la culpabilité judéo-chrétienne.